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Tous saboteurs !


Or , ce sabotage capitaliste qui imprègne la société actuelle, qui constitue l'élément dans le quel elle baigne, — comme nous baignons dans l'oxygène de l'air, — ce sabotage qui ne disparaîtra qu'avec elle, est bien autrement condamnable que le sabotage ouvrier.

Celui-ci, — il faut y insister ! — ne s'en prend qu'au capital, au coffre-fort, tandis que l'autre s'attaque à la vie humaine, ruine la santé, peuple les hôpitaux et les cimetières.

Des blessures que fait le sabotage ouvrier ne gicle que l'or ; de celles produites par le sabotage capitaliste, au contraire, le sang coule à flots.

Le sabotage ouvrier s'inspire de principes généreux et altruistes : il est un moyen de défense et de protection contre les exactions patronales ; il est l'arme du déshérité qui bataille pour son existence et celle de sa famille ; il vise à améliorer les conditions sociales des foules ouvrières et à les libérer de l'exploitation qui les étreint et les écrase... Il est un ferment de vie rayonnante et meilleure.

Le sabotage capitaliste, lui, n'est qu'un moyen d'exploitation intensifiée ; il ne condense que les appétits effrénés et jamais repus ; il est l'expression d'une répugnant rapacité, d'une insatiable soif de richesse qui ne recule pas devant le crime pour se satisfaire... Loin d'engendrer la vie, il ne sème autour de lui que ruines, deuil et mort." 

Emile Pouget

Dans son ouvrage Emile Pouget propose des moyens de lutte  en alternative à la grève ou qui les complètent. Les formes d'opposition passive  vont du "Go Canny" des dockers écossais en 1899 à  l'obstructionnisme  des  Ferrovieri  italiens en  passant par le badigeonnage  des ouvriers coiffeurs parisiens dans les premières années du XXème siècle. 

Variables à l'infini, ces formes de sabotage ne devaient avoir aucune répercussion fâcheuse sur le consommateur — voire servir ses intérêts comme par la méthode de la bouche ouverte.